La dernière femme

  • Nationalité : française
  • Année de production : 1975
  • Casting : Gérard Depardieu, Ornella Muti, Michel Piccoli
  • Réalisateur : Marco Ferreri
  • Production : Les Productions Jacques Roitfeld
  • Distribution : Columbia France

  • Synopsis :

    Gérard, adepte de moto, est ingénieur dans une usine de Créteil (Val-de-Marne). Quitté par sa femme Gabrielle, acquise aux thèses du MLF, il doit élever seul son petit garçon, Pierrot. Contraint de rentrer chez lui, à la suite d’un chômage technique, il passe reprendre son fils à la crèche et fait alors la connaissance de Valérie. Cette belle puéricultrice, qui s’apprêtait à partir pour la Tunisie avec Michel, un amant occasionnel, accepte de venir vivre, pour quelque temps, dans l’appartement de Gérard, situé dans un grand ensemble de la « ville nouvelle ». Leurs relations sensuelles leur font oublier le caractère désespérant de l’environnement. Le couple se forme. L’enfant est associé à leurs jeux amoureux. Valérie éprouve bientôt pour Pierrot des sentiments maternels, puis sympathise avec Gabrielle, venue leur rendre visite, et avec René, un ami de Gérard. Bien vite Valérie, se rendant compte qu’elle n’est qu’une femme-objet pour Gérard dont la jalousie s’accentue, se révolte et se refuse. Gérard n’acceptant pas cette remise en cause, le conflit est inévitable. Pour se rassurer sur sa virilité, il tente en vain de séduire Benoîte, une voisine. Après une violente dispute avec Valérie, il s’émascule à l’aide d’un couteau électrique.

« J’avais besoin d’un grand complexe industriel. Je l’ai trouvé. »

Marco Ferreri. Propos recueillis par Richard Bance, Le Républicain Lorrain du 9 novembre 1975

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scènes à Carling (Moselle) : plateforme chimique

Le film  s’ouvre sur des images de l’impressionnante plateforme chimique de Carling : Gérard Depardieu arrive à moto sur la route longeant le steam-cracking n°1.

Gérard Depardieu et Renato Salvatori lors du tournage. Archives Le Républicain Lorrain.
Marco Ferreri sur le tournage. Archives Le Républicain Lorrain.
Gérard Depardieu lors du tournage. Archives Le Républicain Lorrain.

Une minute de silence

  • Nationalité : France
  • Année de production : 1998
  • Casting : Benoît Magimel, Bruno Putzulu, Rüdiger Vogler
  • Réalisateur : Florent Siri
  • Scénaristes : Florent Siri
  • Production : Canal+, CNC
  • Distribution : Pierre Grise Distribution

  • Synopsis :

    Synopsis : Marek, le Polonais, et Mimmo, l’Italien, vivent en Lorraine à Freyming-Merlebach (frontière franco-allemande) et travaillent à la mine depuis l’âge de seize ans. Ils sont amis et partagent les angoisses de la mine et les joies des sorties. En décembre 1995, une grève éclate et bouscule violemment leurs habitudes. Marek se sent concerné et veut trouver sa place auprès des syndicalistes, mais Mimmo rêve d’un avenir qui est ailleurs. Au fur et à mesure que la grève s’intensifie, la tension monte et leur amitié est mise à rude épreuve.

Présence de la région Grand Est dans le film : mention dans le synopsis du film de Freyming-Merlebach (Moselle).

Florent-Emilio Siri est né le 2 mars 1965 dans la Lorraine industrielle qu’il décrit dans son premier long-métrage Une minute de silence. Son père, d’origine italienne, était mineur de charbon à Freyming-Merlebach et ce premier film rend hommage à ce métier et à la dernière génération de mineurs. (Source Wikpédia)

« Originaire de Lorraine, Siri a retracé dans « Morte lente », un documentaire poignant, le destin d’une population en quête d’identité après la disparition de l’activité minière sur laquelle reposaient l’économie de la région. Dans un contexte similaire, il réalise en 1998, « Une minute de silence ». Un film avec déjà Benoît Magimel que l’on retrouve dans  » Nid de guêpes ». L’acteur y incarnait un mineur polonais, dont l’amitié avec un collègue italien est mise à l’épreuve par un mouvement de grève. » (Source : Zoom cinéma. http://www.zoom-cinema.fr/film/nid-de-guepes/373/secret-de-tournage)

Ce premier long-métrage est récompensé en 1998 d’un Bayard d’Or de la meilleure première œuvre de fiction par le jury Émile Cantillon au Festival international du film francophone de Namur. Il obtient également e prix Cyril Collard et le prix du public au festival international du film Entrevues Belfort (1998).

Ich bin eine Terroristin

  • Nationalité : France
  • Année de production : 2012
  • Casting : Benoît Giros, Sylvia Etcheto, Friedhelm Ptok
  • Réalisateur : Valérie Gaudissart
  • Scénaristes : Valérie Gaudissart, Cécile Vargaftig
  • Production : Clandestine Films
  • Distribution : Kanibal Films Distribution

  • Synopsis :

    Violette, 11 ans et 3 mois, une belle nuit va ficher le camp. Dans son baluchon, quelques choco BN, l’urne des cendres de sa grand-mère communiste chérie et un livre : « Les Lettres de prison de Tucquegnieux ». Les lettres de Rosa, sa Rosa, cette grande grande grande révolutionnaire allemande, assassinée en 1919 dont elle se sent aujourd’hui l’héritière. Elle ira donc marcher dans ses pas, prendra de longs trains de nuit, s’enfoncera de plus en plus loin vers l’Est ; elle essaiera avec son insouciance de gamine et son précieux bouquin de changer le monde à sa manière.

« Tout le film repose sur des rencontres fortuites, des rencontres préparées avec des comédien-nes et, en Lorraine par exemple, ce sont de vrais mineurs que j’avais invités à participer au film. C’est donc un mélange de personnages de la vraie vie et de comédien-nes. Ce qui a beaucoup aidé est que je mettais en scène une enfant et c’est elle qui en fait prime sur tout. Les mineurs, par exemple, nous ont complètement oubliés, ils parlaient à l’enfant et voulaient lui transmettre les choses de leur vie en Lorraine et nous, nous n’existions pas, le dispositif de fiction était complètement oublié ».

Valérie Gaudissart

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scènes à Rombas (Moselle) :  friche industrielle et site Unimétal
  • scènes à Tucquegnieux et Piennes (Meurthe-et-Moselle)

Party Girl

  • Nationalité : France
  • Année de production : 2014
  • Casting : Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis
  • Réalisateur : Samuel Theis, Claire Burger, Marie Amachoukeli-Barsacq
  • Scénaristes : Samuel Theis, Claire Burger, Marie Amachoukeli-Barsacq
  • Production : Elzévir Films, CNC, Canal +
  • Distribution : Pyramide Distribution

  • Synopsis :

    Synopsis : Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.

« En fait au départ, on voulait faire une scène dans une fête foraine. Je me suis souvenue que moi petite, je suis venue souvent à Chambley avec mon père et en fait, ça nous a paru évident. Tout à coup, il y avait une cinégénie dans cette situation, une vraie féérie, quelque chose d’assez magique, de tous ces ballons comme ça dans le ciel. On s’est dit que c’était des images qu’on pouvait avoir nulle part ailleurs. […] C’est vraiment une mise en lumière d’un coin qu’on voit très rarement en fait au cinéma, d’un milieu populaire qui aussi sous-exploité au cinéma. Même l’accent qu’il y a dans ce coin précis de la Lorraine, c’est un accent très ignoré. Les français ne connaissent pas du tout cet endroit. C’est une vraie spécificité, une vraie singularité qu’on veut mettre en avant ».

Claire Burger, Co réalisatrice (propos recueillis pour My Lorraine le 23 mai 2014)

La Communauté Urbaine de Strasbourg, le CNC et la région Lorraine ont soutenu la production du film.

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scène à Chambley (Meurthe-et-Moselle) : Lorraine Mondial Air Ballons
  • scènes à Forbach (Moselle) :  le café Belvetti
  • scènes à Freyming-Merlebach (Moselle) : notamment une scène de ball-trap au stand de tir
  • scènes à Metz, Saulny, Spicheren, Hombourg-Haut (chapelle Sainte Barbe), Petite-Rosselle (Moselle)
  • scène à Strasbourg (Haut-Rhin)
  • mentions écrites : plaques d’immatriculation 57 (Moselle), Cabaret Eve, Petite-Rosselle (commune de l’agglomération de Forbach – Moselle) sur l’écusson/blason de la ville
  • mentions sonores : “commune de Forbach”,  “Metz” (Moselle), “Spicheren” (Moselle), “Chambley” (Meurthe-et-Moselle),  “Pettite-Rosselle” (Moselle)
  • produit : le champagne (aucune marque n’est montrée ou mentionnée), la bière Kronenbourg (Alsace) sur un verre en plastique
  • accent et patois le Platt

Le film Party Girl est une biographie, celle de la mère de Samuel Theis, le coauteur du film. Le film raconte la vraie vie d’Angélique (Angélique Litzenburger), ancienne prostituée et mère de quatre enfants qu’elle n’a pas élevés. Nous la découvrons à 60 ans, résidente à temps plein d’un bar à hôtesses près de Forbach (Moselle). Cette fêtarde de toujours décide de changer de vie lorsque Michel (Joseph Bour), un client régulier du bar, la demande en mariage.

L’essentiel du tournage s’est déroulé dans le cabaret près de Forbach, dans le bassin à la fois houiller et minier. Les réalisateurs du film sont dans une démarche proche du mouvement du cinéma-vérité (Graff, 2011) ou du néo-réalisme (Bazin, 1957) : ils utilisent le réel, font tourner des acteurs non professionnels, filment des décors existants. Pour preuve, ils engagent la mère de Samuel Theis, Angélique Litzenburger pour jouer son propre rôle. L’ancrage lorrain de la diégèse est partie prenante de la narration filmique : « En faisant le portrait d’Angélique, à travers son histoire intime, c’est aussi toute une région et une classe sociale qui se racontent. En partant d’elle, on pouvait rendre compte de ce qu’est la vie d’une entraîneuse, ce qu’elle induit pour une vie de famille. Mais aussi parler de ces hommes de la région, anciennement mineurs. Que font ces gens, qui sont-ils, qu’ont-ils à dire ? Il s’agissait pour nous d’amener le cinéma en Lorraine, auprès de cette famille, de ces entraîneuses, dans des endroits où il n’a pas l’habitude d’aller » (Dossier de presse du film).

A l’image, nous reconnaissons des lieux emblématiques de la région et des paysages transfrontaliers avec l’Allemagne : les Hauts fourneaux, une cité minière, des puits d’extraction d’une mine, ou encore l’intérieur du cabaret, situé à Sarrebruck en Allemagne à une vingtaine de km de Forbach.

Party Girl est un film qui se focalise sur Angélique et son entourage, personnages marqués par leur identité régionale (fonction qualifiante). Le récit filmique témoigne de la déshérence sociale de Forbach, véritable « tableau fragmentaire d’un bout de province française à cheval sur sa frontière avec l’Allemagne, tant géographiquement que linguistiquement et culturellement » (Les inrocks. 26 août 2014). Dans le film, tant la population que le territoire lorrain représentent le sujet du film.

D’ailleurs, tout au long du film, les personnages parlent en patois avec un fort accent : le Platt, une des langues régionale de Lorraine, parlée dans la partie germanophone du département de la Moselle, la Lorraine allemande. Ces passages sont sous sous-titrés à l’image.  Ce choix constitue un marqueur identitaire fort.

Tournage du film à Forbach avec Claire Burger au cafe Belvetti. Crédits : Républicain Lorrain
De g. à d. : Virginie Cheval, scripte ; Antoine Chevrollier, 1er assistant réalisateur ; Julien Poupard ; Claire Burger, réalisatrice ; Ronan Boudier, 1er assistant opérateur ; Alma Galy-Nadal, 2e assistant réalisateur ; Marie Amachoukeli, réalisatrice ; Samuel Theis, réalisateur ; Mathieu Villien, chef opérateur du son – DR

La femme de Gilles

  • Nationalité : France
  • Année de production : 2004
  • Casting : Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac, Laura Smet
  • Réalisateur : Frédéric Fonteyne
  • Scénaristes : Frédéric Fonteyne, Philippe Blasband, Marion Hänsel
  • Production : Artemis Production, Nord-Ouest Films, Samsa Films
  • Distribution : Mars Distribution

  • Synopsis :

    Dans le milieu ouvrier des années trente, Élisa est la femme de Gilles. Ce dernier travaille dans les hauts-fourneaux, parfois le jour, parfois la nuit. Élisa s’occupe des enfants, de la maison et vit chaque jour dans l’attente du retour de Gilles. Victorine, la sœur d’Élisa, vient souvent lui rendre visite pour jouer avec les enfants et donner un coup de main. Élisa attend un enfant. De drôles d’idées lui traversent la tête. Gilles et Victorine, Victorine et Gilles… Mais non, ce sont de drôles d’idées. Et puis un jour, une sensation, une certitude qui s’abat, insupportable : il se passe bien quelque chose entre ces deux individus. Un étrange combat intérieur commence alors, fait de courage, d’abnégation, de silences. Pour retrouver ce qui était perdu. Pour redevenir la femme de Gilles.

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scènes à Longwy-Gouraincourt (Meurthe-et-Moselle) : l’église de Gouraincourt
  • scènes à Longwy (Meurthe-et-Moselle) : la rue Lebrun

La Femme de Gilles, Élisa (Emmanuelle Devos) est persuadée que son mari Gilles (Clovis Cornillac) la trompe avec sa sœur Victorine (Laura Smet). Cette jalousie est perceptible dans la scène de la fête foraine au cours de laquelle Gilles et Victorine dansent ensemble. A l’écart, Élisa les regarde, rongée par la colère. Sur la place de l’Église de Gouraincourt, l’équipe de production a reconstituée une fête foraine comme en 1930. Par la suite, Élisa espionne tantôt Victorine, tantôt Gilles et parcourt les rues de Longwy et de Gouraincourt (Meurthe et Moselle) dans sa quête de la vérité.

En 2003, pour La Femme de Gilles, une fête foraine des années 1930 avait été reconstituée sur la place de l’Eglise de Gouraincourt. Miguel ANTUNES / Républicain Lorrain
Le réalisateur Frédéric Fonteyne a tournée d’autres scènes de La Femme de Gilles dans des rues du quartier de Gouraincourt, comme ici avec Emmanuelle Devos et Clovis Cornillac. Photo Archives Républicain Lorrain/Miguel ANTUNES
Le réalisateur Frédéric Fonteyne a tournée d’autres scènes de La Femme de Gilles dans des rues du quartier de Gouraincourt. Photo Archives RL/Miguel ANTUNES

Ce film met particulièrement en lumière une cité minière dans le pays haut, le quartier Gouraincourt à Longwy. Les personnages principaux résident rue Lebrun et parcourent les rues de Longwy et de Gouraincourt tout au long du film. Cette cité ouvrière témoigne de l’implantation d’une industrie sidérurgique florissante, les aciéries de Longwy, dont la production fut arrêtée en 1978.

Le saviez-vous ?

L’ancien siège social des aciéries de Longwy est un bâtiment de style Art Déco, imaginé par l’architecte Pierre Le Bourgeois et inauguré en 1928.  Le bureau du directeur a été meublé par Louis Majorelle et dans les escaliers ont été installés des vitraux, signés du même artiste. Cette œuvre de commande raconte le travail dans une usine sidérurgique. Il s’agit des seuls vitraux créés par l’artiste plutôt spécialisé dans le mobilier et la ferronnerie. Mort en 1926, Majorelle n’a jamais vu « ses » vitraux, in situ.

En 1985, le bâtiment est cédé à l’État français. Rénové, il abrite aujourd’hui la Maison de la formation de Longlaville, commune limitrophe de Longwy.

Vitrail Majorelle, Grands Bureaux des Aciéries de Longwy. Représente l’activité de l’usine sidérurgique.
Vitraux Louis Majorelle, Grands Bureaux des Aciéries de Longwy

Ville à vendre

  • Nationalité : France
  • Année de production : 1992
  • Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
  • Scénaristes : Jean-Pierre Mocky, Pierre Courville, Michèle Delmotte, André Ruellan
  • Production : Les Films Alain Sarde, Canal+, TF1 Films Production
  • Distribution : AMFD

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scènes à Jœuf (Meurthe-et-Moselle) : le dynamitage de deux usines sidérurgiques, l’ancien magasin général, les grands bureaux des Forges et l’église Notre-Dame-de-Franchepré
  • scènes à Homécourt (Meurthe-et-Moselle) : les rues principales, la pharmacie centrale et le château
  • scène à Hagondange (Moselle) : les bâtiments désaffectés de l’usine Sidélor-Sacilor
  • scène à Metz (Moselle) : le Temple Neuf, le théâtre, le cimetière de l’Est, le musée municipal, le lycée Fabert et le gymnase de l’école Debussy
  • scène à Amnéville (Moselle) : 2 rue de la République
  • scènes à Rombas (Moselle)

Jean-Pierre Mocky tourne en Meurthe-et-Moselle et Moselle pour son film Ville à vendre. Le plus remarquable est sans doute la présence de Jœuf à l’image. Le réalisateur enregistre la destruction de son site sidérurgique et intègre ces plans à sa fiction. De ce fait, Ville à vendre comporte des images aujourd’hui considérées comme des documents d’archives : Jœuf avant et après le dynamitage des usines.

Jean-Pierre Mocky et Tom Novembre sur le tournage du film « Ville à vendre » à Metz en septembre 1991. Photo archives Républicain Lorrain
Richard Bohringer et Eddy Mitchell à Hagondange devant les bâtiments désaffectés de l’usine Sidélor-Sacilor pour le tournage du film « Ville à vendre » de Jean-Pierre Mocky le 18 septembre 1991. Photo archives Républicain Lorrain
Tournage du film « Ville à vendre » de Jean-Pierre Mocky au cimetière de l’Est à Metz le 1er septembre 1991 (Photo archives RL/Michel Pira)
Tournage du film « Ville à vendre » de Jean-Pierre Mocky au cimetière de l’Est à Metz le 1er septembre 1991 (Photo archives RL/Michel Pira)
Jean-Pierre Mocky, Michel Serrault, Valérie Mairesse et Tom Novembre sur le tournage de « Ville à Vendre » devant la pharmacie centrale à Homécourt en septembre 1991 (Photo archives RL)
Daniel Prévost, Valérie Mairesse, Michel Serrault et Tom Novembre sur le tournage du film « Ville à Vendre » de Jean-Pierre Mocky à Homécourt devant la pharmacie centrale en septembre 1991 (Photo archives RL)
Tournage de « Ville à Vendre » de Jean-Pierre Mocky au 2 rue de la République à Amnéville le 6 septembre 1991 : Jean-Pierre Mocky donne des indications à Pascale Petit et Philippe Léotard. (Photo archives RL)
Jean-Pierre Mocky en tournage à Metz pour son film « Ville à vendre » le 5 septembre 1991 (Photo archives RL)
Préparation du tournage du film « Ville à Vendre » de Jean-Pierre Mocky à Joeuf le 7 septembre 1991 : un terrain de football avait été créé dans l’ancien magasin général de l’usine sidérurgique de Joeuf (Photo archives RL)
Tournage de « Ville à Vendre » de Jean-Pierre Mocky en octobre 1991 : une équipe légère du film profite du dynamitage de deux electrofiltres de l’usine sidérurgique de Joeuf pour tourner des images qui seront intégrées au montage (Photo archives RL)

Synopsis : Après avoir vendu sa société d’informatique, Orphée, intellectuel écologiste parisien, part à l’aventure. Il arrive dans une petite ville, Moussin. Il va assister, fasciné, à une série de meurtres spectaculaires parmi les notables de la ville.

 

J’ai épousé une ombre

  • Nationalité : France
  • Année de production : 1982
  • Réalisateur : Robin Davis
  • Scénaristes : Patrick Laurent, Cornell Woolrich
  • Production : Sara films, TF1 film production
  • Distribution : AMLF

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scène à Hayange (Moselle), devant les hauts-fourneaux et à l’hôpital
  • scènes tournées à Longwy (Meurthe-et-Moselle) : quartier Gouraincourt
  • scènes tournées à Longuyon (Meuthe-et-Moselle)

L’histoire débute en Moselle. Lorsque Franck (Richard Bohringer) dépose Hélène (Nathalie Baye) au bord de la route, on aperçoit en contrebas l’ensemble des hauts fourneaux de Hayange. Le décor accentue le côté dramatique de la situation. Enceinte, Hélène décide de s’enfuir pour le sud de la France. Pendant son trajet en train, elle rencontre Patricia (rôle interprété aussi par Nathalie Baye), enceinte comme elle. Les scènes suivantes se déroulent à l’hôpital : Patricia meurt et Hélène prend son identité. Le tournage a eu lieu au centre hospitalier de Hayange mais dans le film, le train n’a pas déraillé en début de trajet ; il est donc impossible que les personnages soient hospitalisés dans la région. La suite du film se passe dans le sud de la France. Le Grand Est n’est plus présent à l’image et il n’y a aucune allusion à la région d’origine d’Hélène.

La scène dans laquelle Richard Bohringer force Nathalie Baye à quitter sa voiture : le tournage a eu lieu à la sortie d’Hayange vers Marspich au niveau du supermarché sur la D13 le 20 septembre 1982 (Archives Le Républicain)
Richard Bohringer, Nathalie Baye et Johnny Hallyday sur le tournage du film « J’ai épousé une ombre » au quartier Gouraincourt de Longwy le 20 septembre 1982 (Archives Le Républicain Lorrain)
Tournage du film « J’ai épousé une ombre » en gare de Longuyon en 1982 : ici des figurants au rôle de bidasse (Archives Le Républicain Lorrain)
Johnny Hallyday au volant de sa voiture de sport dans le quartier Gouraincourt de Longwy le 20 septembre 1982 (Archives Le Républicain Lorrain)

Synopsis : Hélène (Nathalie Baye) est abandonnée par Franck (Richard Bohringer) alors qu’elle est enceinte de huit mois. Elle décide de rejoindre le Sud et part en train, où elle rencontre un couple, Bertrand et Patricia. Cette dernière lui ressemble étrangement. Survient alors un accident de train dans lequel le couple meurt. Sans le dire, Hélène prend la place de Patricia dans la belle famille de cette dernière.

 

L’Héritier

  • Nationalité : France
  • Année de production : 1973
  • Casting : Jean-Paul Belmondo, Carla Gravina, Jean Rochefort
  • Réalisateur : Philippe Labro
  • Scénaristes : Philippe Labro, Jacques Lanzmann
  • Production : Cinétel, Euro International Film, President Film
  • Distribution : Valoria Films, Mercury Films, Studio Canal

  • Synopsis :

    Fils à papa et playboy renommé, Cordell se retrouve à la tête d’un véritable empire à la mort de son père. Pas vraiment préparé pour être un homme d’affaires, Cordell va devoir faire ses preuves…

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scène à Thionville (Moselle)
  • plans sur les hauts-fourneaux et la vierge de Hayange (Moselle)
  • mentions sonores : « Fiche 36, Marceau, le contre-maître de l’atelier 4, à Cordell Thionville », « Quand nous visiterons l’usine de Thionville, après l’enterrement de mon père… », « Je veux bien vous concéder Saint-Nazaire et Longwy mais pas Thionville… » et « OK, une journée à Thionville et après je pars pour Rome »

Bart Cordell (Jean-Paul Belmondo) se rend à Thionville pour visiter l’une de ses usines et en rencontrer les ouvriers. Des plans du film montrent Notre-Dame de Hayange également appelée La Vierge de Hayange, symbole d’espoir qui illumine la ville. Pour l’anecdote, cette statue a subi plusieurs restaurations dont une majeure en 1982 et Jean-Paul Belmondo a fait partie des donateurs qui ont rendu possible cette rénovation..

Une enfance

  • Nationalité : France
  • Année de production : 2015
  • Casting : Alexi Mathieu, Angelica Sarre, Pierre Deladonchamps
  • Réalisateur : Philippe Claudel
  • Scénaristes : Philippe Claudel
  • Production : Les Films du Losange, France 3 Cinéma
  • Distribution : Les Films du Losange

  • Synopsis :

    Au cours d’un trop long été, Jimmy, un enfant de 13 ans que les circonstances forcent à devenir trop vite adulte, se cogne aux limites de sa petite ville et de sa vie heurtée, entre une mère à la dérive et un beau-père qui le tient sous sa coupe.

Philippe Claudel et Alexi Mathieu à Dombasle. Photo Pierre MATHIS

« Je rêvais depuis longtemps de filmer la petite ville où je suis né et où je vis, une ville singulière, mi industrielle, mi campagnarde, et dont la composition sociologique permet de parler d’une certaine France d’aujourd’hui. »

« Dombasle est une cité industrielle située dans l’extrême banlieue de Nancy, en lisière de campagne. L’une de ses spécificités est d’avoir été modelée par la présence, dès la fin du XIXe siècle, d’une grosse usine qui fabriquait et fabrique encore, du carbonate de soude. Le groupe belge Solvay auquel elle appartient avait une philosophie paternaliste : il a fait construire des logements pour tous ses employés, de l’ouvrier au directeur, des écoles, une bibliothèque, un hôpital, un stade, une salle des fêtes. Ces bâtiments ont la particularité d’être en brique rouge comme en Belgique ou dans le nord de la France, ce qui est très inhabituel en Lorraine. Ce qui peut surprendre aujourd’hui c’est que bien des rues ont d’un côté des cités ouvrières comme celles dans laquelle habite Jimmy, le personnage principal, et de l’autre des maisons bourgeoises d’ingénieurs, de directeurs, à l’image de celle où a lieu le goûter d’anniversaire dans le film. Les deux décors, dans la réalité, se font face : dix mètres à peine les séparent. »

« Une autre curiosité de Dombasle, c’est l’intrication de la nature dans la ville. On ne voit jamais, il me semble, ce genre de paysage au cinéma. Dans cette ville, on passe sans transition d’un champ avec des vaches à un entrepôt industriel, des bords bucoliques d’une rivière ou d’un canal au corps monstrueux et bruyant d’une sorte de haut-fourneau. La nature est présente partout, et pas seulement dans les jardins ouvriers de la barre de cités ouvrières où nous avons tourné, dont l’abandon parle aussi de la fin d’un certain modèle social et d’un mode de vie. Là encore, les cartes semblent battues d’une façon qui n’existe plus guère aujourd’hui où les paysages sont soit industriels ou post-industriels, soit campagnards. Ici, tout coexiste, cohabite, tout s’interpénètre. Visuellement, c’est bien entendu quelque chose de formidable à exploiter, et cela permet aussi d’enrichir la psychologie et le parcours de Jimmy. Notez que, Une enfance, hélas, pourra être considéré et de façon indirecte comme un documentaire puisque les cités ouvrières où vit Jimmy ainsi que les jardins qui en dépendent ont été malheureusement détruits et rasés dès la fin du tournage ».

« Tous les lieux filmés sont ceux de mon enfance. Et curieusement, cela n’a pas beaucoup changé. Les chemins, les coteaux, les champs, les boqueteaux où je me promène sont ceux-là même où je me promenais enfant. Quand je vais à la pêche, c’est au bord des mêmes canaux, des mêmes étangs, des mêmes rivières que jadis. Nous traversions le barrage sur la Meurthe pour aller explorer l’Île aux corbeaux, comme Jimmy et Kevin le font dans le film. Nous piqueniquions près de l’ancienne piscine, comme eux avec leur grand-mère. Nous nous baignions aussi déjà dans le port du canal de la Marne au Rhin face à l’usine. Dans la scène où les enfants boivent de l’eau dans le cimetière, on voit dans l’arrière-plan la maison de mes parents qui sont morts maintenant. Ma maison d’enfance. Le cerisier sur lequel ils chapardent les fruits a été planté par mon père. Il y a dans tout le film une matière très intime, des échos constants à ma vie passée, à ma vie présente. »

Philippe Claudel (Dossier de presse officiel du film)

Une production soutenue par la région Lorraine.

Présence de la région Grand Est dans le film :

  • scènes à Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle) : l’usine Esco, la rue Hélène, l’école Marcel Leroy, les rives de la Meurthe, etc.
  • scènes à Nancy (Meurthe-et-Moselle) : le parc de la Pépinière
  • scènes à Saint-Nicolas de Port (Meurthe-et-Moselle)
  • scènes à Damelevières (Meurthe-et-Moselle)

L’histoire se déroule l’été des 13 ans de Jimmy (Alexi Mathieu), un enfant qui « se cogne aux limites de sa petite ville et de sa vie heurtée ». La ville de Dombasle-sur-Meurthe est très présente dans le film puisque toute la vie de Jimmy s’y résume : son logement exigu, son école, ses camarades, ses terrains de jeu où il erre, le terrain de tennis dont il rêve. Obligé de s’occuper de son petit frère Kévin (Jules Gauzelin), il assume le rôle de chef de famille, rôle délaissé par les adultes du foyer. Dans une scène, son beau-père (Pierre Deladonchamp) le contraint à aller chercher de la drogue chez un dealer en lui confiant la somme d’argent nécessaire. Le sujet est lourd ; le film sombre.

Juste après le tournage en 2014, la rue Hélène (lieu d’habitation de Jimmy) a été détruite. Philippe Claudel explique l’importance de ce lieu, dans sa vie comme dans son film : « Très clairement il y avait une dimension patrimoniale pour moi, […] c’était important pour moi […] de garder la mémoire, dans un film, de cette rue (rue Hélène à Dombasle) à laquelle évidemment beaucoup de Dombaslois étaient attachés soit pour y avoir vécu, soit pour la connaître. Et j’ai trouvé tellement dommage qu’on la détruise. Je trouve que c’est un peu partout le cas en Lorraine, de ces cités ouvrières, où on estime que finalement patrimonialement elles ne représentent pas d’intérêt suffisant pour qu’on puisse les classer. » Philippe Claudel, entretien de Delphine Le Nozach, 2019

Aujourd’hui, il reste les vestiges de cette rue.

Cité Hanrez (rescapée). En cartouche : rue Héléne avant démolition. (www.petit-patrimoine.com)

Quelques scènes illuminent l’écran. Parmi elles, celle dans laquelle Jimmy emmène Kévin au parc de la Pépinière à Nancy. Si les deux enfants habitent à la lisière de la cité, une seule séquence les autorise à quitter la petite ville de Dombasle-sur-Meurthe pour la grande métropole nancéienne. Lors de sa course, Jimmy a subtilisé un billet de vingt euros sur le montant donné par Duke. La scène suivante, il achète deux cornets de glace que les frères dégustent sur un banc. Des vingt-trois hectares du célèbre parc de la Pépinière, Philippe Claudel montre le marchand de gourmandises et la roseraie situés au centre du parc.

En moins d’une minute, le lieu est présenté comme un havre de paix, comme une parenthèse enchantée dans le quotidien des deux garçons. Même si la séquence est teintée de joie, n’occultons pas que les frères se trouvent essentiellement entourés d’autres enfants accompagnés, contrairement à eux, de leur famille. Kévin se plaint également à ce moment que les sachets de drogue cachés dans son slip lui provoquent des démangeaisons. À cet instant aussi, le désordre habituel ne les quitte pas.

L’insertion visuelle du parc de la Pépinière n’est pas assortie de mention orale. Il est donc probable que le public ne reconnaisse pas nécessairement le territoire nancéien. Pour Philippe Claudel, il s’agit avant tout d’ancrer la scène dans un lieu aux attributs particuliers et évocateurs : un espace de nature, entretenu et dédié aux loisirs.

Si le parc de la Pépinière est symbolique dans le film, Dombasle-sur-Meurthe reste le lieu phare de l’histoire. Philippe Claudel précise dans le dossier de presse du film, « Dombasle structure le récit de mon film ». Plus qu’un décor placé en arrière-plan, il confère au placement territorial filmique une fonction narrative primordiale : « J’avais envie de raconter Dombasle […] de raconter les paysages de Dombasle. […] Et j’avais très envie de filmer la rue Hélène ». Après le passage du tournage, la rue a été détruite. Le réalisateur tenait à immortaliser ce lieu particulier dans son film : «  J’aime tellement cette rue que j’avais envie de construire une histoire autour pour la fixer un petit peu en cinéma » (France3 région Lorraine, 9 juin 2014).

Nous comprenons que le point de départ de l’histoire est le territoire. Philippe Claudel affirme qu’il a imaginé tout son film à partir de celui-ci. Dombasle-sur-Meurthe forge la personnalité et l’histoire de Jimmy mais il fonde surtout le récit. La ville, grâce à ses nombreux visages, bâtit le film, scène après scène. S’il avait été tourné dans un autre endroit, le film n’aurait pas raconté la même histoire. Dans ces trois illustrations, le territoire élabore et porte la trame narrative du film ; cette insertion territoriale filmique est alors irremplaçable.